Quand le streetwear s’empare du vin : l’audace colorée de Bérrize
15 oct. 2025
Graphiste passionné de vin, Alexandre Bobée a imaginé Bérrize, une marque streetwear qui célèbre les cépages comme on revendique un groupe de musique ou un club de foot. Une façon joyeuse et décomplexée de porter le vin… littéralement.
Dans un univers du vin souvent perçu comme codifié, Bérrize vient bousculer les habitudes. Des sweats colorés et des noms de cépages fièrement affichés sur la poitrine, une manière simple et actuelle d’afficher ses goûts en matière de vin. C’est ce mélange de liberté et de créativité qui m’a donné envie de rencontrer Alexandre Bobée, le créateur de la marque. “Je fais clairement partie de la nouvelle génération. Je veux incarner une ère plus libre, plus ouverte”, m’a-t-il confié.
Pour lui, chaque vêtement devient une déclaration d’amour au vin, une manière de célébrer sa diversité, sans snobisme ni complexe, tout en fédérant une communauté qui partage les mêmes valeurs. Plongeons donc dans l’histoire de Bérrize, une marque née du désir de rendre le vin plus collectif et surtout plus accessible.

Des études de vin au design : la rencontre de deux passions
Cécile : Tu es graphiste, mais tu as aussi fait des études dans le vin, c’est ça ?
Alexandre : Oui, exactement. J’ai fait le parcours un peu à l’envers. A vingt ans, j’ai commencé par des études en commercialisation du vin. J’ai été caviste, commercial, et pendant mes stages, j’ai travaillé pour une cidrerie. Le producteur cherchait une étiquette urbaine, qui casse les codes du cidre. J’ai proposé un design qui a très bien marché et j’ai continué avec lui.
Aujourd’hui, je suis graphiste pour des marques de vins, de bières, de cidres et de spiritueux. Finalement, j’ai trouvé un métier qui allie mes deux passions : le vin et le design.
Cécile : Aujourd’hui, tu as lancé une marque qui casse un peu les codes du vin : une marque de vêtements streetwear. Est-ce que tu peux nous parler du cheminement de ton projet ?
Alexandre : Bien sûr. Tout a commencé en 2024, quand j’étais ambassadeur pour des vins argentins en France. À Vinexpo, j’avais créé un pull spécial “Malbec” pour l’occasion. En me promenant dans les allées, tout le monde me disait : “Il est trop cool ton pull !” Une personne m’a même lancé : “Si tu ne lance pas ton projet, moi je le fais !”
C’est ce jour-là que l’idée est née, créer des sweats avec des noms de cépages, dans un univers coloré et urbain. J’avais envie de faire un clin d’œil à la crise que traverse le monde du vin et à la nécessité de le désacraliser.
Casser les codes pour un vin plus simple, plus libre
Cécile : Qu’est-ce que tu voulais casser ou réinventer dans l’univers du vin ?
Alexandre : Je voulais que tout soit plus simple. Le vin, ça devrait rester un plaisir, pas une pression. Pour moi, on n’a pas besoin d’avoir fait des études d’œnologie pour apprécier le vin. Et il faut aussi arrêter avec tous ces diktats : ne pas mettre le vin rouge au frigo, ne pas mettre de glaçons dans son verre… Moi, j’ai envie de dire : faites-vous plaisir.
Cécile : Comment as-tu lancé concrètement le projet Bérrize ?
Alexandre : J’ai commencé avec dix couleurs de base et une vingtaine de cépages : huit rouges, huit blancs, les plus connus en France. Ensemble, ils représentent environ 80 % de l’encépagement français.
Je voulais tester le concept pendant un an, pour voir la réaction du public et des professionnels. Jusqu’ici, les retours sont super positifs. Le pari est plutôt réussi !
Cécile : Comment gères-tu la production ?
Alexandre : Je travaille avec une entreprise d’amis à Bailleul. Ce sont des flocages réalisés localement, sur des vêtements qu’ils ont déjà en stock. Ça m’a permis de ne pas investir dans un stock important et de commencer petit. C’est parfait pour tester le marché.
Cécile : Y a-t-il des difficultés que tu as rencontrées ?
Alexandre : Pas vraiment, tout se passe bien. Si je dois revenir sur un défi tout de même, ce serait la communication. Créer du contenu, faire connaître la marque, c’est un vrai travail. J’aimerais d’ailleurs développer des partenariats et collaborer avec des ambassadeurs pour représenter Bérrize.
Revendiquer son cépage, une communauté en devenir
Cécile : Tu parles souvent d’un projet “identitaire”. Tu peux m’en dire plus ?
Alexandre : En fait, je souhaite créer une communauté autour de Bérrize. Dans le vin, il y a deux visions : d’un côté les “conservateurs”, qui pensent que le consommateur doit s’adapter au vin et de l’autre ceux qui pensent que le vin doit s’adapter aux nouveaux consommateurs.
Moi, je fais clairement partie de la deuxième. Je veux incarner une nouvelle ère, plus libre, plus ouverte. Et puis, chaque sweat, c’est un peu comme un maillot. On peut revendiquer son cépage préféré, comme on revendique son groupe de musique ou son club de foot.
Cécile : Et toi, ton cépage préféré, c’est lequel ?
Alexandre : Le cabernet franc, sans hésiter. J’ai eu le déclic en Argentine, où j’ai découvert un cabernet franc complètement différent de celui qu’on connaît en France. C’est là que je me suis dit que j’aimais tellement ce cépage que j’avais envie de le dire à tout le monde. C’est d’ailleurs un des premiers pulls que j’ai créés. Ce que j’aime dans ce cépage, c’est sa polyvalence car il peut donner des vins légers, fruités, ou au contraire structurés et profonds.
Cécile : Où te vois-tu dans deux ou trois ans ? Tu rêves de collaborations particulières ?
Alexandre : Oui, j’aimerais créer des partenariats avec des cavistes et des domaines viticoles. Ils pourraient proposer nos vêtements en boutique, pour valoriser les cépages qu’ils cultivent.
J’aimerais aussi travailler avec des revendeurs physiques, pourquoi pas ouvrir un jour une boutique ou faire des pop-up stores dans les régions viticoles.
Cécile : Un pop-up à Tain-l’Hermitage, par exemple, ce serait génial ! (rire)
Pour terminer, qu’est-ce que tu dirais à quelqu’un qui a une idée de projet dans le vin mais qui n’ose pas se lancer ?
Alexandre : De bien s’entourer. J’ai eu beaucoup de chance parce que mes amis et ma copine m’ont énormément soutenu. Et puis il faut aussi s’entourer de bons partenaires professionnels. C’est essentiel pour avancer sereinement.
Propos recueillis en avril 2025.
Pour prolonger la découverte, je vous invite à plonger dans l’univers coloré et audacieux d’Alexandre sur sa boutique en ligne : https://www.berrize.com/.
On lui souhaite une belle route avec Bérrize, qui porte haut les valeurs de liberté, de créativité et de partage.